Faut-il supprimer les arrondissements dans la répartition du territoire forestier ?

Depuis 30 ans, de nombreux changements sont intervenus dans la gestion des forêts valaisannes. Actuellement, en Valais 3 arrondissements se répartissent ce territoire, un, dans le Haut-Valais à Brig - Glis, un, dans le Valais Central à Sion et un, dans le Bas-Valais à Martigny. Cette situation décentralisée donne entière satisfaction. 

Des échanges réguliers sur le terrain, entre l’ingénieur forestier, les gardes forestiers, les bûcherons, les apprentis sont très appréciés par tous les partenaires et par les propriétaires des forêts. Ils permettent à l’ingénieur forestier de diffuser les nouvelles connaissances et les nouveaux règlements. Ces contacts ont des effets directs et rapides sur la marche des triages forestiers. La circulation d’information rapide et de proximité est une forme qui convient à tous les partenaires de la gestion de la forêt

Or, cette situation jugée satisfaisante et fonctionnelle est remise en question par le Service des Forêts et l’Etat du Valais. Des discussions visant à déplacer les bureau de l’Arrondissement du Bas-Valais à Sion sont en cours et semblent bien avancées pour que cela se réalise dans un laps de temps très court. Cette démarche va à l’encontre des besoins de proximité et du travail en réseau possible dans des configurations plus restreintes. Être près du terrain donne l’occasion, par la vision locale de renforcer les connaissances sylvicoles, d’améliorer les prochaines interventions et surtout de faire apprécier et comprendre l’utilité de l’intervention aux propriétaires forestiers, c’est-à-dire aux communes et aux bourgeoisies. 

Au niveau de la formation continue, l’efficacité et le bénéfice n’est plus à prouver. Les cours et les séances de martelage sur le terrain permettent de rassembler la « famille forestière » et d’impliquer les acteurs à tous les niveaux, de l’apprenti-bûcheron à l’ingénieur forestier. A tout moment, l’ingénieur forestier peut être appelé à donner son avis grâce à sa connaissance du terrain et compte tenu de la proximité des forêts dont il a la responsabilité. 

Finalement, le maintien des 3 arrondissements relève du bon sens. Tous les acteurs concernés le répètent. Avec l’ingénieur forestier qui se trouve dans le secteur, les contacts sont rapides, les décisions interviennent dans un temps court et surtout, grâce à la connaissance du terrain, des erreurs de jugement et des frais de déplacements peuvent être évités. De plus cette démarche va à l’encontre de la loi va à l’encontre de la loi valaisanne sur les forêts du 14.09.2011 qui précise que le Conseil d’Etat répartit le territoire forestier en arrondissements. Pour changer et déplacer les arrondissements, n’est –il pas nécessaire de changer la loi ou l’ordonnance ? 

Si la volonté du Service des forêts est de pousser à la centralisation, pourquoi, dès lors, ne pas regrouper les 3 arrondissements à Sion en déplaçant aussi celui de Brig - Glis ? Mais envisager de faire descendre le bureau du Haut-Valais à Sion paraît impensable tellement les oppositions seraient vives. Et pourtant, la réponse du Service des forêts doit être claire et des réponses aux interrogations doivent impérativement être argumentées. 

Quand on sait combien la Forêt et, notamment les forêts de protection, sont indispensables à la vie de notre canton, il serait dommage que des décisions de centralisation soient prises au détriment du travail sur le terrain de proximité. 

Les propriétaires de forêts, en majorité les bourgeoisies, disposent des 86% des 120'000 hectares des forêts valaisannes. Le rôle du Service des forêts, des cours d’eau et du paysage est de conseiller les propriétaires dans la gestion de leurs peuplements forestiers et de les soutenir dans leurs tâches d’intérêt public. Concentrer les bureaux à Sion, c’est enlever la proximité des responsables du terrain sur lequel ils doivent évoluer. Supprimer le bureau du Bas – Valais c’est une erreur stratégique et une faute politique. Comment expliquer aux propriétaires des forêts du Bas – Valais que dorénavant, il faudra se rendre à Sion pour traiter des affaires. Pourquoi le responsable bas – valaisan ne se trouve plus sur le terrain, mais dans un bureau à Sion ? Comment expliquer de la nécessité soudaine de rassembler les 2 arrondissements du Bas – Valais alors que pour l’arrondissement du Haut – Valais la question n’est pas (encore) soulevée ? Il en va de la cohésion de ce canton et surtout du respect de la loi valaisanne sur les forêts. 

Jacques Vuignier